Jusqu’ici c’était une annonce probable. Finalement c’est acté. En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les États Européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba, sous la coupole de la France, quittent le Mali, non sans avec une certaine humiliation, même si le président français Emmanuel Macron « récuse complètement » l’idée d’un échec français dans le pays africain lors d’une conférence de presse jeudi.
« Que se serait-il passé en 2013 si la France n’avait pas fait le choix d’intervenir? Vous auriez à coup sûr un effondrement de l’Etat malien », a-t-il fait valoir, en ajoutant qu’ « ensuite nos militaires ont obtenu de nombreux succès », dont l’élimination de l’émir d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) en juin. Les prédictions sombres de Paris montrent à quel point la débâcle est douloureuse du côté français.
Le Sahel et le Golfe de Guinée sont des « priorités de la stratégie d’expansion » des organisations jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique (EI, ou Daech), a estimé Emmanuel Macron. « Al-Qaïda et Daech ont choisi de faire de l’Afrique, du Sahel en particulier, et maintenant de manière croissante le Golfe de Guinée, une priorité de leur stratégie d’expansion », a-t-il déclaré. En réalité, la France ne va pas quitter définitivement le Sahel. En étroite coordination avec les États voisins, Paris et ses partenaires européens ont également exprimé leur volonté de rester engagés dans la région, dans le respect de leurs procédures constitutionnelles respectives, précise-t-on.
A la demande de leurs partenaires africains, et sur la base de discussions sur les futures modalités de leur action conjointe, ils sont néanmoins convenus de « poursuivre leur action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le Golfe de Guinée », et ont engagé des consultations politiques et militaires avec eux dans l’objectif d’arrêter les paramètres de cette action commune d’ici juin 2022, relève-t-on de même source.
Le combat contre les groupes jihadistes au Sahel « ne saurait être la seule affaire des pays africains », a estimé jeudi à Paris le président sénégalais Macky Sall, réagissant à l’annonce du retrait du Mali des forces françaises et européennes.
« Nous comprenons cette décision », a déclaré M. Sall dans une conférence de presse commune avec le président Emmanuel Macron. « La lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains (…). Nous sommes heureux que l’engagement ait été renouvelé de rester dans la région et de réarticuler le dispositif », a-t-il ajouté.
Quelque 25.000 militaires sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4.300 Français (2.400 au Mali dans le cadre de Barkhane), selon l’Elysée, cité par les médias. Le pays accueille aussi 15.000 soldats de l’ONU au sein de la Minusma, dont l’avenir est désormais en suspens puisqu’elle comptait sur un large soutien de Barkhane.