Dakar a validé sa stratégie de mise en œuvre de l’Article 6 de l’Accord de Paris sur le climat devant lui permettre de profiter davantage du marché carbone.
Fruit d’un consensus réunissant 194 gouvernements et lancé fin 2011, le Fonds vert pour le climat (FVC) est le mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il a pour objectifs de limiter ou de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays en développement et d’aider les communautés vulnérables à s’adapter aux impacts déjà ressentis des changements climatiques.
Depuis son lancement, le FVC a enregistré 209 projets pour un financement global de 11,4 milliards de dollars. Malgré sa vulnérabilité, l’Afrique n’a capté que « moins de 3 % des projets enregistrés », a déploré le chef du groupe africain des négociateurs sur le climat, El Hadj Mbaye Diagne.
« Par le passé, il y avait un autre mécanisme dans le cadre du protocole de Kyoto, mais les pays africains n’en ont pas bénéficié parce qu’ils considéraient que le processus était complexe et qu’il n’avait pas tout le dispositif et l’infrastructure nécessaire pour permettre à leurs populations et sociétés de bénéficier de ce mécanisme », a expliqué M. Diagne.
S’exprimant ce mardi 21 février 2023 à Dakar à l’occasion de l’Atelier de validation de la stratégie de mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris, El Hadj Mbaye Diagne a dit accueillir « avec beaucoup de joie l’orientation du Sénégal vers la mise en œuvre d’une stratégie nationale ».
« C’est une opportunité de bénéficier de financements importants dans le cadre des transferts d’émissions d’un pays à un autre. Et cela concerne aussi bien l’Etat que ses agences à travers les grands projets que le secteur privé. Certains projets qui n’auraient pas pu être mis en œuvre sur le plan financier pourraient, dans le cadre d’un marché carbone, bénéficier de revenus complémentaires qui leur permettent d’être viables », a-t-il indiqué.
Les marchés du carbone sont des systèmes d’échange dans lesquels des crédits carbone sont vendus et achetés. Un crédit carbone négociable équivaut à une tonne de dioxyde de carbone, ou à la quantité équivalente d’un autre gaz à effet de serre, qui est réduite, séquestrée ou évitée.
Lors de la dernière COP organisée du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh (Egypte), les règles de mise en œuvre de l’Article 6 concernant les transactions carbones ont été précisées. Tout pays aspirant à en bénéficier doit nécessairement avoir un dispositif institutionnel, légal et des connaissances techniques très solides, a signalé le chef des négociateurs africains.
Avec la mise en place de cette stratégie, « le Sénégal se prépare pour mettre en place toutes les dispositions nécessaires pour que les différents acteurs puissent bénéficier pleinement de ces opportunités offertes par le marché carbone », a soutenu M. Mbaye.
« Ce sont des revenus non négligeables qui peuvent provenir de ce marché carbone. Mais pour y accéder, il faut avoir une bonne maîtrise du mécanisme, avoir des experts qui puissent développer des projets et respecter toutes les exigences réclamées par la Communauté internationale », a-t-il martelé.
Selon Antoine Faye, membre du Comité national changement climatique, la mise en place de cette stratégie vient à son heure au regards des avancées notées dans la prise en charge de cette question avec notamment la politique de renforcement de capacités des acteurs sur les mécanismes de marché, la signature d’Accord de Coopération Bilatérale avec la Suisse et le Japon sur les transferts de réduction des émissions, l’identification d’activités pilotes dans certains secteurs clés ainsi que la préparation d’un texte juridique sur la gestion de l’article 6.
La définition de cette stratégie permettra d’assurer une meilleure cohérence et coordination des activités sur le marché carbone et de répondre aux exigences de l’article 6 en vue de tirer pleinement profit des opportunités offertes, a-t-il précisé.
Par Ola sn (avec ARD/te/APA)