« Puisque je ne suis pas reconnue à ma juste valeur, je rééquilibre les choses à ma manière »

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« À la fin du lycée, j’ai décidé de me lancer dans des études de communication, dont je suis sortie diplômée. Après des expériences dans deux entreprises différentes, j’ai rejoint mon employeur actuel l’an dernier.

Depuis mon arrivée dans cette société, j’ai l’impression d’avoir trop donné, que ce soit en termes d’heures supplémentaires, de pauses-déjeuner zappées, ou autres. Des efforts que l’on fait par engagement total pour notre employeur. Au bout d’un certain temps, on se dit que notre entreprise va bien, à moment ou à un autre, reconnaître tout le labeur fournis, qu’elle va nous valoriser. Sauf que non, pas du tout : ma hiérarchie n’en a rien à faire. La politique de mon groupe est claire, elle est de dire que nul n’est irremplaçable.

C’est de là qu’est venue ma décision d’en faire le moins possible. J’en ai besoin pour mon estime : puisque je ne suis pas reconnue à ma juste valeur, je rééquilibre les choses à ma manière. Je suis en colère parce qu’en plus de cela, je suis arrivée sur un poste inférieur à mon niveau d’expérience. Cela fait huit ans que je suis insérée dans le monde professionnel et j’ai été recrutée comme si je sortais d’école. On m’a dit, ce n’est pas grave, viens occuper ce poste et une fois ta période d’essai passée, on te revalorisera.

Pour être revalorisé, tu peux toujours attendre

Je les ai crus… mais je n’aurais pas dû. À la fin de ma période d’essai, on m’a finalement dit que malheureusement, pour des questions de budget, ma revalorisation attendrait l’été 2022. Dans le même temps, les RH m’ont mis la pression, me disant de faire mes preuves pour ‘justifier’ encore plus cette revalorisation. C’est une méthode vicieuse, sachant que cela correspond simplement au fait de me payer à un niveau qui correspond à mes expériences.

À l’approche de l’été, on m’a finalement expliqué qu’il faudrait que j’attende 2023 pour être revalorisée. Et le jour où précisément j’ai adopté cette méthode de démission silencieuse, mon entreprise m’a proposé d’évoluer vers un poste plus senior… mais sans aucune augmentation de salaire, ce que je n’ai évidemment pas accepté. C’était la goutte de trop.

Depuis ce moment-là, je ne m’investis plus comme avant dans mon travail.

Et je ne suis pas un cas isolé. La plupart de mes collègues parents quittent désormais plus tôt le travail sans se sentir coupable, ce qu’ils n’auraient jamais osé il y a quelques mois. Mais bien souvent, en faire le moins possible revient finalement à respecter les prérogatives du contrat de travail, puisqu’il était souvent d’usage pour les employeurs de voir leurs salariés rester plus tard au travail, répondre au téléphone le soir ou à leurs mails pendant les vacances.

Fini les heures supp’ et les projets menés tambour battant

Concrètement, qu’est ce qui a changé pour moi ? D’abord, je ne travaille plus le week-end de chez moi comme il m’arrivait souvent de le faire auparavant. Ensuite, j’étale les projets dont j’ai la charge sur plusieurs semaines, alors que je les achevais jusque-là en quelques jours. Par ailleurs, je m’impose des pauses toutes les heures, je ne réagis plus aux demandes par e-mail dans la minute, je ne fais plus d’heures supplémentaires, je pars désormais toujours à 18 heures au lieu de 19 heures. Parfois, j’ai des remarques de mes collègues qui me disent qu’ils sentent que je ne suis plus aussi engagée dans mon travail qu’avant.

Mon N+1 ne me dit jamais rien : je pense qu’il doit avoir un sentiment de culpabilité, qu’il se rend compte que je suis moins énergique. Néanmoins, il lui arrive de me faire des blagues parce que je suis arrivée en retard ou parce que je ne suis pas à mon bureau.

Finalement, je fais quand même le travail que l’on me demande, je ne peux pas me permettre de venir au bureau et de ne pas réaliser les tâches qui me sont demandées. Mais je ne suis pas impliquée, je fais tout beaucoup plus lentement.

Actuellement, je suis en pleine recherche d’un nouvel emploi, ce que je fais pendant mes heures de boulot. Là encore, je ne suis pas la seule : plusieurs collègues font de même. Mais c’est plus compliqué pour celles et ceux qui ont des enfants. Ils ont souvent plus peur de ne pas réussir à rebondir ailleurs, ce que les RH de l’entreprise savent, d’où le fait qu’ils refusent le plus souvent leurs demandes d’augmentation ou d’évolution de carrière. »

 

par Ola sn (avec les start.lesechos.fr)

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