Penser la déconnexion par (El hadji Omar Massaly)

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En qualité d’invité, c’est avec enthousiasme que j’ai participé à l’ouverture de la conférence sur la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique. La thématique du premier jour attire vivement mon attention et fait partie de mes champs d’intérêt: « faire face à la crise socio-écologique : l’actualité de la déconnexion et la question des réparations globales ».

La question de la déconnexion, chère à Samir Amin, dont la lecture m’a édifié sur bien des points au cours de ces dernières années, demeure la clé de voûte du développement de l’Afrique. La déconnexion, disait l’économiste Demba Moussa Dembelé, ne veut pas dire ériger un mur contre le reste du monde, mais partir d’abord des solutions internes pour maîtriser notre commerce extérieur, notre système fiscal et les mouvements de capitaux. Revaloriser les ressources internes, renforcer la coopération sud-sud…

 

À beau ressasser les mêmes méthodes, ou presque les mêmes, les leaders politiques africains, comme je l’ai noté dans mon livre, diffèrent les problèmes au lieu de les régler. Se déconnecter, c’est aussi avoir le courage de tracer sa voie, compte tenu des dynamiques du dedans comme du dehors. Se déconnecter, c’est oser un sursaut économique en s’affranchissant des politiques néolibérales qui entretiennent nos pays dans la pauvreté ( Joseph Stiglitz, La grande désillusion). Il faut faire humanité ensemble certes, mais l’Afrique d’abord.

J’ai profité de l’occasion pour féliciter l’éminent Ndongo Samba Sylla pour ses nombreuses initiatives. « Les samedis de l’économie » m’ont appris à mieux connaître les enjeux sur le plan économique. L’Afrique a aussi besoin des intellectuels qui rendent accessibles les questions de développement complexes pour permettre à la jeunesse de mieux comprendre les enjeux. Le professeur Kako Nubukpo, lors d’un échange épistolaire avec lui, m’a écrit une phrase qui me parle : « Cher El Hadj, […] plus nous serons nombreux à nous approprier des vrais enjeux de notre continent, plus nous ferons bouger les lignes ».

L’Afrique bouge. Elle bouge avec l’émergence de nouveaux leaders forts, justes et imbus des pensées panafricanistes. Un panafricanisme progressiste, pour ne pas dire révolutionnaire. Notre génération doit inéluctablement changer la donne, combattre la ploutocratie prédatrice. Sinon, nous aurons eu tort de laisser l’Afrique entre les mains de leaders carriéristes, prédateurs qui continuent de creuser le fossé, déjà immense, de la fracture sociale.

 

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