Le secteur de la mangue au Sénégal est en réalité un gros gisement d’opportunités. La preuve, la croissance de la demande pour la mangue fraîche devrait se maintenir à un rythme soutenu sur les principaux marchés d’exportation, notamment en Europe occidentale mais aussi du centre et de l’est. D’après les prévisions de l’agence pour la promotion des investissements et grands travaux (APIX), le créneau de la mangue bio devrait continuer à présenter des opportunités intéressantes en termes d’accès aux marchés mais pas nécessairement en termes des prix plus rémunérateurs.
Le Sénégal devrait pouvoir profiter de cette croissance à condition de continuer à bénéficier de l’accès au marché européen qui sera déterminé par la capacité de l’Origine à répondre efficacement aux défis liés à la maîtrise de risques phytosanitaires majeurs (notamment la mouche de fruits).
Outre le marché européen, le marché marocain devrait également évoluer en termes de volumes pouvoir se positionner favorablement pour approvisionner les autres pays du Maghreb, notamment l’Algérie et la Tunisie. D’autres marchés de niche pourraient être desservis par avion à partir de Dakar, notamment au Moyen-Orient mais pour des volumes limités. Par contre, peu de chance d’évolution de la situation par rapport à l’accès aux marchés en Amérique du Nord (contraintes réglementaires et concurrence avec les origines sud américaines). N’empêche que les opportunités d’investissements privés restent importants.
Pour la production et commercialisation des mangues en frais visant l’export, Apix identifie un modèle qui s’adresse aux investisseurs locaux et étrangers ayant des ressources substantielles pour l’implantation et l’exploitation de vergers hautement maîtrisés. Le coût d’investissement pour un verger maîtrisé de 100 ha est de plus de 500 millions FCFA alors que le coût d’une station de conditionnement équipée est estimé à 200 millions FCFA et plus. Dans le détail pour le modèle d’offre, il s’agit de la mise en place et de l’exploitation en régie de vergers de type maîtrisé de taille industrielle, impliquant un matériel de plantation de qualité, une haute densité de plantation, un système d’irrigation performant, une fertilisation adaptée, tous les soins nécessaires, la taille et des entretiens réguliers, etc. Ce modèle nécessite une maîtrise et l’application rigoureuse des itinéraires techniques adaptés pour obtenir la qualité des fruits et les rendements escomptés (20T / ha).
Pour les investisseurs intéressés par la transformation en produits finis pour le marché de consommation, les investissements nouveaux ou complémentaires en technologies, équipements, infrastructures dans une optique de production et de commercialisation de produits finis sont les mieux adoptés. Ce modèle est dicté en partie par l’étroitesse du marché car habituellement ce ne sont pas les mêmes entreprises qui fabriquent les produits semi finis (ingrédients) et produits finis pour le marché de consommation.
Il nécessite des capacités en amont (approvisionnement en matières premières, emballages, etc.), capacités techniques de production et capacités en aval en termes de marketing et de distribution, ce qui le rend particulièrement coûteux et difficile à réussir pour des PME (et d’autant plus impossible pour les structures artisanales non-entrepreneuriales de type GIE, souvent soutenus par des ONG et autres programmes d’appui externe). Un modèle alternatif consisterait à se concentrer sur des produits semi finis qui rentrent dans la chaîne de valeur des acteurs en aval, tel que la mangue IQF (mangue découpée en cubes et congelée) à l’export pour l’industrie des produits laitiers (yaourt, crème glacée) ou la mangue séchée en tranches sans additifs destinée au marché des « snacks », reconditionnée et vendue sous marque du distributeur.