La pénurie de talents dans le numérique n’a jamais été aussi sévère. Le manque s’amplifie au point de toucher des métiers épargnés jusque-là. Résultat, les pays développés, durement impactés par la rareté des cerveaux IT, sont condamnés à aller chercher partout des geeks, notamment en Afrique, pour combler leurs immenses besoins. «(…) en Afrique de l’Ouest je vois désormais des dizaines d’entreprises américaines et européennes venir débaucher les meilleurs développeurs. Ce n’est plus une tendance, c’est un raz-de-marée… », alerte le Digital Booster Emmanuel Bocquet.
Très au fait des moindres faits et gestes de l’univers du numérique au Sénégal, le Venture Builder chez Green Tech de prévenir les banques, fintechs, e-commerçants, opérateurs télécoms et agences digitales. « Si vous ne traitez pas mieux vos pépites, elles vont disparaître d’un coup. Ça a toujours existé, mais la pénurie mondiale de ressources IT fait passer ce « vol » à l’échelle… », explique-t-il avant de rappeler que le monde était globalisé. Si monsieur Bocquet ne cite pas nommément le marché sénégalais, il ne l’exclut pas non plus et tout porte à croire que le pays de la teranga est à l’image de nombreux pays africains victimes de la fuite des cerveaux.
Une certitude, dit-t-il, un bon développeur peut assez facilement trouver un salaire de plus de 2 millions FCFA/mois à distance. « J’ai même vu un contrat à 5 millions (pour un vraiment très bon)… Les américains n’ont aucun complexe à payer un bon dev plus cher que le chef d’entreprise ».
Gare ensuite aux apps bourrées de bugs, aux failles de sécurité, au time-to-market qui augmente et au TCO qui s’envole, à l’innovation qui piétine, insiste Bocquet. En juin 2020, une étude de McKinsey révélait que 87 % des dirigeants affirmaient à l’époque qu’ils étaient ou seront confrontés à une pénurie de talents disposant des compétences numériques adéquates. C’est sans doute le moment où jamais pour les directions générales en Afrique de redéfinir leurs politiques de recrutement IT face à la pénurie qui ne date pas d’aujourd’hui.