Pour le Fonds monétaire international (FMI), le constat est net : « le secteur minier contribue à environ 10 % du produit intérieur brut (PIB) de 15 pays d’Afrique subsaharienne riches en ressources naturelles. » Au Sénégal par exemple, les sociétés opérant dans cette filière « ont géré un flux de 1 141 milliards de francs CFA en 2020, », selon les données publiées par le ministère des Mines et de la Géologie en juillet 2022. Une manne financière qui incite de nombreux acteurs à se faire une place sur ce marché juteux, à l’image de Rokhaya Sall Mbaye. « Durant la rédaction de mon mémoire de fin d’études, j’ai découvert le monde de la mine et j’ai immédiatement saisi le potentiel de ce secteur », explique cette ingénieure géologue diplômée de l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université Cheikh-Anta-Diop à Dakar. Une passion qu’elle s’est attelée à mettre en exergue à travers avec plusieurs initiatives entrepreneuriales dont la première fut, admet-elle, « une amère déception. »
Des débuts difficiles
Après avoir travaillé un temps pour la Compagnie Sahélienne d’Entreprises (CSE), elle décide de se consacrer exclusivement au forage-minage. Partant du constat que « le secteur des mines était assez rudimentaire et artisanal », la jeune femme, qui figure dans le classement Choiseul 2020 des leaders économiques de demain, franchit le pas en lançant sa première société en 2006 avec des associés. Une aventure qui tourne vite court : « je n’arrivais pas à dérouler la vision que je possédais du forage-minage. Je souhaitais moderniser le secteur en y apportant de nouvelles méthodes et innovations sans vouloir absolument faire du profit au départ. Ce qui n’était pas le cas de mes associés, lesquels cherchaient uniquement à faire de grosses marges ». D’où la nécessité de « s’entourer de personnes qui croient véritablement en votre projet et de ne pas se cantonner qu’à son métier technique, car il faut savoir être polyvalent ». Un enseignement démontrant, si besoin était, que « l’échec est seulement l’opportunité de recommencer d’une façon plus intelligente » pour citer Henry Ford, et que Rokhaya aura à cœur de mettre en œuvre avec la création en 2013 de Mineex SARL, une société de forage-minage également spécialisée dans le développement de logiciel de modélisation et de gestion de l’activité d’abattage destiné aux exploitations à ciel ouvert faisant usage d’explosifs.
Premiers succès
S’appuyant sur une poignée de collaborateurs partageant sa vision, la géologue a noué des relations de confiance avec des cimentiers et des miniers, en misant notamment sur « l’obtention de certification au niveau environnemental (ISO 14001), managérial (ISO 9001) et sécuritaire (ISO 45001), pour démontrer qu’une entreprise locale peut disposer des mêmes compétences qu’un acteur international dans un domaine où l’on manipule des produits aussi dangereux que des explosifs ». Côté finance, les 17 banques qu’elle a sollicitées à l’époque ont refusé de lui accorder un apport pour « l’achat de machines dont les coûts s’[élèvaient] aux alentours de 250 à 300 millions de francs CFA (entre 380 000 et 455 000 euros )» révèle l’entrepreneuse. Loin de se décourager, celle-ci adaptera sa stratégie en conséquence, se focalisant sur la location de machines neuves pour une somme avoisinant les 14 à 15 millions de francs CFA (23 000 euros) par mois. Autant d’éléments alliant qualité, sûreté et compétitivité qui lui permettent de gagner en crédibilité et de décrocher des contrats de longue durée auprès de clients importants comme la Sococim, considérée comme l’une des plus grandes cimenteries d’Afrique de l’Ouest. La suite ici