En octobre dernier, le collectif de pêcheurs à Cayar, qui estimait qu’une usine de farine de poisson espagnole compromettait ses activités rémunératrices et menaçait la santé des populations, avait intenté une action devant la justice. Un mois plus tard, malgré une analyse d’eau dans un lac en septembre montrant une pollution par la matière organique biodégradable avec une faible oxydation du milieu entraînant une impossibilité de vie aquatique, il a été débouté par la justice. Ils ne comptent pas s’arrêter là, cependant.
Avec le soutien de Greenpeace, les pécheurs sont bien déterminés à aller jusqu’au bout. En effet, selon eux, c’est une question de vie ou de mort. « Les usines de farine de poisson comme celle de Cayar se permettent de priver les populations locales de leur poisson et de l’exporter sous forme de farine et d’huile en Europe et en Asie pour nourrir des animaux », déclare à mongabay Aliou Ba, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique.
Selon lui, ces usines concurrencent les marchés locaux de consommation, poussent les acteurs de la pêche à la faillite et privent les ménages sénégalais de poisson abordable pour leur repas quotidien. Les usines sapent la sécurité alimentaire de plusieurs millions de personnes dans le Global South au profit des pays riches, ajoute Ba. Le Sénégal n’est pas un cas isolé. Des usines similaires ont également été créées en Gambie et en Mauritanie voisines, afin de fournir des aliments pour l’aquaculture et l’élevage européens et asiatiques.