A l’occasion du 136 anniversaire de sa mort, levons une idée fausse très répandue sur Lat Joor ! L’idée fausse qu’il n’était pas Musulman jusqu’à ce qu’il rencontre Maba Jaxu Dieye Ba! Lat Dior est l’arrière-arrière-petit-fils de Bërgët Saxewaar Fatma Diop, le premier de cette famille à s’être converti à l’islam par Maam Mataar Ndumbé Diop de Kokki. L’oncle paternel de Lat Dior, Abdoulaye Sokhna Mbaye Diop était un maître coranique. Lat Dior est né musulman, il était de la famille musulmane de Sakhewar Fatma Diop. Il a étudié le Coran quand il était petit. D’ailleurs, Serigne Babacar Mbaye Longhor, le maître Coranique de Lat Dior est le fils de Serigne Momar Mbaye Longhor, le maître Coranique de Maba au Kajoor où Maba a grandi, à Longhor Mbaye près de Thilmakha Mbackol, un des villages fondés par l’arrièregrand-père de Lat Dior Diop.
Le père de Lat Dior est Saxewaar Sokhna Mbaye Diop. La grand-mère paternelle de Lat Dior, Sokhna Mbaye, est issue de la famille musulmane de Médoune Soukhna Niane et d’un village très islamisé du Kajoor appelé “Diatti”. En fait, Lat Dior en tant qu’adolescent était à l’école coranique de Kokki, Daaray Kokki lorsque les problèmes de succession ont commencé au Kajoor et son meen (la dynastie maternelle Géej) l’ont ramené au Kajoor depuis le Daara de Coki où il était étudiant, donc cet homme était musulman. La bataille de Ngol-Ngol était si embarrassante pour l’armée coloniale française que les Français, pour la première fois en Afrique jusque-là, ont utilisé des armes de guerre non conventionnelles qui n’étaient même pas approuvées pour être utilisées en France, au Kajoor, à la bataille de Loro, pour punir Lat Dior de les avoir vaincus à la bataille de Ngol-Ngol.
Des centaines d’Ajoors sont morts à cause de l’utilisation française d’armes non conventionnelles à Loro. Après sa défaite à la bataille de Loro, Lat Dior s’est exilé, il avait besoin d’un refuge pour regrouper ses forces et continuer son combat pour libérer son peuple et son royaume de la colonisation française. Dior Mbaye Ndendé était comme une mère adoptive pour Lat Dior. La Lingeer Ngòne Latyr Fall, qui était la fille du Dammeel-Teeñ Meissa Ténd Dior Fall et la mère de Lat Dior, est décédée alors que Lat Dior était encore jeune. Maba s’est souvenu de la gentillesse et de l’aide que la famille de Lat Dior lui a apportée lorsqu’il était un jeune étudiant au Kajoor et a accepté de donner refuge à Lat Dior, mais à la condition que Lat Dior se convertisse à l’islam. La mère de Lat Dior, la Lingeer Ngòne Latyr Fall, a sauvé Maba d’un incident où Maba avait tué quelqu’un en légitime défense, elle avait payé une amende pour lui, le prix du Sang.
Lat Dior qui était déjà musulman a d’abord refusé la condition de conversion de Maba, Dèmba War l’a convaincu de l’accepter car ils avaient besoin d’un refuge après la défaite de Looro. Lat Dior a accepté les conditions de conversion de Maba, qu’il a initialement refusées puisqu’il était déjà musulman, né musulman, pour des raisons stratégiques. Serigne Touba avait dit à Lat Dior de rester avec lui, il aurait pu le faire et vivre une vie longue et confortable, mais il a choisi d’affronter sa mort à Dékhéle parce qu’il sentait, qu’il le devait au Kajoor de le protéger des envahisseurs jusqu’à la fin, même si cela signifiait que lui et ses fils mourraient. Et ainsi, il mourut avec ses deux fils, Thiendella Niabasse et Saaxewar, combattant pour le Kajoor jusqu’à son dernier souffle.
Selon la tradition orale, Lat Dior savait qu’il pouvait mourir à Dékhéle. Il a dit à ses épouses de défaire leurs tresses comme c’est la coutume dans la culture Wolof et il est allé faire face à sa mort. « Et, c’est sous ses ordres que l’armée du Rip coupa en deux la colonne ennemie dans le canton de Paos Koto le 30 novembre 1865. Blessé, Pinet Laprade battra en retraite. Lat Joor qui ne pouvait ne pas comprendre que la fin de sa destinée épique s’approchait, alla recueillir les prières du non moins célèbre résistant Ahmadou Bamba, fils de son ancien Cadi Mor Anta Sally Mbacké, qui le retint en vain, libéra de leur serment ceux qui tenaient à leur vie et ordonna à ses femmes de se défaire les tresses et de préparer son deuil…
Il feignit de respecter l’injonction coloniale et pris la direction du Jolof, entreprit une audacieuse contre marche qui le plaça entre la voie ferrée et ses ennemis sachant que ces derniers s’arrêteraient à cette heure de la journée à l’unique puits des environs pour faire boire leurs montures. Dernière embuscade au cours de laquelle Labba à la tête de ses derniers fidèles Ceddo anéantira plus du tiers de la colonne du capitaine Valois et de ses supplétifs.
Par MALAMINE DIOUF,
CONSERVATEUR DES
BIBLIOTHÈQUES pour le baobabafrique