Le Joola, plus meurtrier que le Titanic, 20 ans de douleur encore vivace

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Le 27 septembre 2002, le Sénégal fut réveillé par une tragédie jamais égalée dans l’histoire maritime du monde. Le bateau le Joola venait en effet de sombrer en un laps de temps et de façon spectaculaire au large des côtes gambiennes, avant même que des secours ne se soient organisés,  faisant prés de 2000 morts de diverses nationalités mais en grande partie de sénégalais, originaires de Ziguinchor surtout.
Au lendemain du naufrage, le traumatisme créé auprès des populations par l’ampleur du drame fut tel qu’il a nécessité la mise en place d’une cellule de gestion pour, entre autres, gérer les conséquences psychoaffectives chez les familles les plus touchées.
Vingt années après la tragédie, la lancinante question de l’indemnisation qui a fait pendant longtemps l’objet de querelles entre les familles des victimes et l’Etat du Sénégal, n’est toujours pas totalement pris en charge.
Les familles sénégalaises, hollandaises, belges… qui avaient déposé leur dossier ont reçu leur indemnisation.
15 milliards de Francs Cfa ont été versés à 1327 familles, soit 10 millions par victime.
Aujourd’hui, l’association nationale des familles des victimes et rescapés du naufrage du navire le Joola réclame 6 milliards 900 millions FCFA qui restent de l’enveloppe des 20 milliards dédiée à l’époque aux indemnisations et qui sont encore bloqués dans un compte.
D’ailleurs le président de l’association, Cheikhna Keïta est allé plus loin en déclarant que L’Etat du Sénégal n’a tenu aucun de ses engagements premiers notamment le renflouement de l’épave du bateau et la vérité sur les causes du naufrage.
Evoquer le naufrage du Joola, c’est aussi soulever la question du désenclavement total de la Casamance, un problème encore agité dans plusieurs cercles aujourd’hui.
Car deux décennies après, les séquelles sont toujours vivaces et il est difficile aujourd’hui d’aborder la question du naufrage dans certaines familles sans réveiller des douleurs.
Un épisode sombre, noir, douloureux à l’extrême, mais surtout malheureux de notre histoire, à cause de notre négligeance et de notre bétise.
On dit, la vie n’est pas toujours rose, car elle a ses hauts et ses bas et on ne sent le malheur que lorsqu’elle se tourne vers nous, et le 26 septembre est devenu pour tous les sénégalais et pas seulement, un souvenir triste, un véritable calvaire. Le destin a frappé à notre porte et nous lui avons ouvert, pensant au bonheur, à la joie et à toutes les merveilles que nous réserve la vie. Hélas nous nous étions trompés et le destin nous a poignardés un couteau au cœur.
En un jour, en une nuit, des rêves, des souhaits, des désirs, des carrières, des espoirs, tout a fondu à vie comme de la glace.
Ahmadou Ampathé BA disait: « la mort n’est qu’un long voyage, un voyage sans retour. C’est quitter le monde des vivants pour séjourner dans l’au-delà.  Mourir, c’est partir pour ne jamais revenir, mais mourir c’est s’effacer pour ne jamais réapparaitre, mourir c’est marcher sans laisser de trace ».
Quand on meurt, on est comme l’alizé qui passe, comme la danse des vagues, comme le long cri des sirènes.
Devons-nous pas donner raison à Mariama BA qui disait: « on ne prend pas de rendez-vous avec le destin, le destin empoigne qui il veut, quand il veut et ou il veut ».
Mais nous le savons tous, c’est la surcharge qui a fait couler ce  navire de fabrication allemande qui  avait une capacité d’accueil de 580 passagers, les 44 membres d’équipage y compris. Soit plus du triple de sa capacité officielle.
Vingt ans après la catastrophe, les familles des victimes et rescapés continuent de vivre dans leur chair cet événement et se battent pour qu’il soit inscrit dans la mémoire collective.
Aly Saleh journaliste/Consultant en Communication
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