Cherté du loyer à Dakar: les bailleurs dictent leur loi et l’Etat ne dit rien

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Le Coût exorbitant du loyer au Sénégal constitue de nos jours un véritable casse-tête pour les gorgorlous sénégalais. Les bailleurs exigent des locataires 4 mois de loyer et un bulletin de salaire sans aucune explication. Malgré les nombreuses plaintes et complaintes, l’Etat ne fait rien pour protéger les locataires et continue de faire la sourde oreille.

Aujourd’hui la cherté du loyer est sur toutes les lèvres au Sénégal et plus particulièrement à Dakar. Le Président de la République Macky Sall l’a évoqué plusieurs fois en conseil des ministres tellement la situation difficile pour les ménages, induite par le coût exagéré du loyer, avait fait qu’il était devenu nécessaire, afin de préserver l’ordre public, de procéder à une diminution des taux des loyers en termes de pourcentage. Et c’était à l’époque dans le seul but de permettre aux sénégalais de pouvoir profiter des baisses.
Mais rien qu’à y penser plusieurs questions me frôlent l’esprit.
Qu’en est-t-il de la loi 2014-03 du 22 janvier 2014 portant baisse des loyers n’ayant pas été calculés suivant la surface corrigée tant prônée ?
Où est passé le projet de création de l’observatoire national des loyers et de l’immobilier ? Des questionnements qui restent hélas sans réponse.


L’Assemblée nationale l’avait adopté, en sa séance du mercredi 15 janvier 2014 avant que le chef de l’Etat ne promulgue ladite loi mais il n’y a pas eu de suivi et encore moins la volonté de la faire appliquer.
Et pourtant le projet de décret dont l’objectif entre autres était de réfléchir à une politique de régulation du loyer au Sénégal et de traiter les contentieux au quotidien était très en avance à un certain moment.

Aujourd’hui la seule voie de recours pour les locataires, c’est l’Ascosen. Puis que si vous avez un contentieux avec votre bailleur et que vous allez à la police ou à la préfecture, on vous dit d’aller à l’Ascosen.
Elimane Sall, le Président de l’association pour la défense des locataires au Sénégal avait déclaré lors d’une de ses interviews dans la presse, qu’il fallait assainir le milieu en en faisant de sorte qu’il y ait une traçabilité des contrats de location.
Mais malheureusement, il n’y a aucune volonté d’application des textes qui existent déjà. C’est pourquoi, c’est un impératif de restaurer l’autorité de l’Etat pour résoudre la problématique du loyer.
L’administration, notamment le ministère des finances désigné par tous les textes, a pêché en faisant le mort depuis 2014.
Car on ne peut pas quand-même faire voter une loi et ne pas lui donner la garantie de la faire appliquer et la faire respecter par les parties concernées, cela pose véritablement problème.

Certaines agences immobilières de mèche avec les bailleurs et les courtiers font ce qu’ils veulent avec les locataires en ne respectant aucune norme.
Actuellement pour avoir un petit appartement de 2 chambres et 1 salon à Yoff, Diamalaye, Hlm grand médine ou à ouest-foire, il vous faut débourser entre 250 et 300 mille francs cfa mensuellement avec 3 à 4 mois à payer pour la caution et la commission en plus de l’exigence du bulletin de salaire du locataire. Et ces nouvelles exigences des bailleurs rendent actuellement plus salées le coût du loyer.  

Mamadou Mbaye demeurant à Yoff, la soixantaine révolue, courtier de son état, interpellé sur la question, nous explique la hausse vertigineuse du prix du loyer à Dakar en rejetant la responsabilité sur les bailleurs:
« En réalité, ce sont les propriétaires des bâtiments qui ont corsé la facture du loyer. Le montant de la caution est aujourd’hui passé du triple au quadruple. C’est de nos jours, la tendance dans plusieurs quartiers de Dakar prisés par les locataires. Et ce sont comme je l’ai dit, les bailleurs qui exigent maintenant quatre mois en plus du bulletin de salaire du locataire sans aucune explication. C’est à dire 2 mois de loyer, 1 mois de caution et 1 mois pour la commission du courtier », a expliqué M. Diandy, trouvant cette requête trés exagérée. 

Pour rappel, en décembre 2021, le ministre du commerce et des PME Aminata Assome Diatta avait dit au cours d’une conférence de presse que « le montant du cautionnement et des loyers à verser d’avance à titre de garantie ne peut excéder une somme correspondant à deux (02)mois de loyer”.
En rappelant aux bailleurs que désormais: “le montant de la caution ne pourra dépasser deux mois” sous peine de poursuites judiciaires indiquant les dispositions du décret n°77.527 du 23/06/1977 relatif au montant du loyer a usage d’habitation, stipule en un article 7 alinéa 3 que :  “Le montant du cautionnement et des loyers à verser d’avance à titre de garantie ne peut excéder une somme correspondant à deux (02)mois de loyer”.

Pourtant selon les études de l’Ansd, 42,7% de la population dakaroise est en location pour 196 000 logements.
Et par an, entre 8000 et 10 000 réclamants se signalent au niveau de l’Association des Consommateurs Sénégalais pour se plaindre.
Dans leur vie quotidienne,  les gens sont dans des situations de  précarité extrêmement difficiles et il urge de mettre en place un organe central dédié à traiter les contentieux, les méthodes  des calculs, la réglementation, l’accompagnement entre autres rattaché à la présidence de la République qui aura des démembrements régionaux pour le traitement en permanence des dossiers, tel que recommandé par Momar Ndao,  défenseur des consommateurs et qui faisait lui-même partie de la commission en charge de la question.

Selon un juriste spécialiste du foncier en immobilier, aujourd’hui, bon nombre de sénégalais ignorent, que le locataire est tellement bien protégé qu’il peut occuper un logement pendant une décennie et retourner un jour réclamer un remboursement auprès du juge et des responsables des impôts et domaines, s’il estime que son bailleur exagère sur le prix. Il serait remboursé si le calcul avait été mal fait et le bailleur pourrait même aller en prison.

C’est pourquoi il est d’une importance capitale pour tout locataire de savoir que les contrats sont d’ordre public, vous pouvez signer n’importe quel contrat de location mais ce qui est valable, c’est ce qui est prévu par les textes en vigueur.

Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur

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