Le principal leader de l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, s’est illustré cet après-midi lors d’une conférence de presse à Dakar en arborant un habit traditionnel typiquement africain. Que sait-on de ce boubou appelé Bogolan?A la différence du tissu Wax flamboyant, le Bogolan est une toile de coton aux couleurs sobres. Fait à la main, il est composé d’animaux, de motifs tribaux, dans les tons jaune et noir, avec des touches de rouge, brun et blanc.
Plusieurs ethnies pratiquent encore à ce jour le Bogolan. Héritiers de cette tradition, les Dogons, les Bobos, les Sénoufos et Miniankas, les Malinkés et les Bambaras développent chacun un style singulier évoluant à travers les âges. Sur la photo ci-dessus, vous retrouverez l’identité des Toiles Korhogo fabriquées par les Sénoufos au Nord de la Côte d’Ivoire.
Que signifie « Bogolan » ?
Le mot Bogolan, de la langue Bambara (la plus utilisée au Mali), vient des mots BOGO « la terre » et LAN, « issu de ». Il signifie littéralement « le résultat que donne l’argile ». Il est issu de la rencontre de l’argile, de la forêt (racines, feuilles, encre) et du coton.
En effet, la teinture du tissu s’obtient par réaction chimique lors de l’application de la boue sur le support textile. Toutes les nuances colorées sont obtenues à partir de matériaux minéraux et végétaux.
De nos jours, l’utilisation des produits Bogolan s’est diversifiée allant de l’habillement à l’ameublement, à la décoration et à des accessoires divers. Le tissu Bogolan porte en lui la joie, la convivialité et l’amour qui entourent sa réalisation.
La teinture et ses techniques
Le bogolan est une technique traditionnelle très ancienne de teinture végétale pratiquée en Afrique Occidentale mais essentiellement valorisée au Mali et au Burkina Faso.
Tout d’abord, la toile de coton est teinte, par trempage dans une décoction de feuilles de bouleau d’Afrique ou de N’galama. Ensuite vient le séchage à plat au soleil. Par la suite, l’artiste structure son dessin à la boue fermentée (bogo) avec l’aide d’un pinceau. Pour les parties « rouges » qui vont du rouille au brun, une décoction d’écorce de Mpécou s’impose. Oubliée quelque temps, cette même décoction donnera une teintue Kaki. Enfin, l’obtention des parties blanches de la pièce de bogolan ne se fait plus en frottant ces parties au savon. Un mélange de poudre lessivielle, de chlore et de savon de Karité sert de décolorant puissant.
Alors que le wax affiche des couleurs flamboyantes, le bogolan conjugue des nuances de marron et présente des teintes plus sobres comme le noir, le blanc ou l’ocre, obtenues grâce à un mélange de soude, de céréales et de cacahuètes.
L’histoire du Bogolan
Auparavant le Bogolan se pratiquait uniquement sur le tissu de cotonnade et servait essentiellement à l’habillement de la société africaine.
Le Bogolan était réservé à une classe donnée de la société. Il s’agissait des chasseurs et dans une moindre mesure les guerriers et les guérisseurs.
Les peuples issus du groupe Mandé (région d’Afrique de l’Ouest) la pratiquent depuis une époque reculée. Aucune datation précise n’a pu jusqu’alors être arrêtée, compte tenu de la fragilité des matériaux et de la difficulté de leur conservation.
L’origine même du Bogolan est inconnue. Selon une légende, une femme revêtue d’un pagne teint au n’galama l’aurait malencontreusement tâché avec de la boue provenant du fleuve. Lorsqu’elle tenta de le nettoyer, elle s’aperçut que la boue avait teint le tissu du vêtement, les tâches étaient devenues indélébiles.
Ce travail artisanal était réservé aux femmes âgées qui ne pouvaient plus se consacrer aux travaux éprouvants. Mais aussi aux plus jeunes lors de la saison sèche et aux autres femmes lors de leur temps libre. Elles exécutaient alors des vêtements pour la communauté (trousseaux de mariage, pagnes, pantalons, tenues de chasse, de travail ou de parade). A l’origine chaque tenue, de par ses motifs et ses coloris, était vouée à un usage particulier. Chaque signe reproduit détenait une signification symbolique précise.
Les dessins et symboles
Le Bogolan porte en lui une signification. Les dessins choisis sont en effet lisibles comme la marque d’identité d’une population, d’un village. Mais aussi d’un artiste en particulier, si bien qu’une femme pourra à coup sûr reconnaître ses propres productions de Bogolan. Comme tout objet d’art africain, le bogolan est un objet puissant. Etant en effet teint à base de terre, il est considéré comme imprégné d’énergie vitale. Outre son utilisation en tant que textile dans la fabrication des tuniques masculines et des pagnes noués des femmes, on lui attribuait des vertus thérapeutiques. Traditionnellement, ce tissu avait une valeur de protection pour ceux qui le portaient. Selon la forme ou la couleur des motifs, ils pouvaient protéger les chasseurs, les femmes enceintes, les personnes âgées et les nourrissons. On pense que les « erreurs » délibérées dans les motifs géométriques, par ailleurs réguliers, représentaient des messages codés.
À travers ces symboles, les tissus africains racontent des histoires de naissances, de mariages, de décès. Ils peuvent aussi faire référence à des animaux, des évènements historiques, à la religion et aux mythologies de la tribu.
Aujourd’hui, on retrouve ces symboles et motifs sur des tissus européens. Des tissus aux motifs Bogolan confectionnés dans des cotons de meilleure qualité.
Perles and Wax dont l’histoire est imprégnée de l’Afrique, glisse ces tissus et symboles dans ses cabas. Un clin d’œil à l’esprit ethnique si cher à la créatrice.
Par Ola avec Perles and Wax