Le Sénégal importe plus de la moitié de son blé de Russie 

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Chaque année, le pays importe plus de 700 000 tonnes, selon les données de l’Agence nationale de la statistique. Plus de la moitié vient de Russie. Dans le contexte de guerre en Ukraine et de hausse des cours mondiaux, quel est le potentiel pour la culture du blé au Sénégal ? Et quelles en seraient les contraintes ? 

« Aujourd’hui, du blé est produit dans la vallée du fleuve Sénégal, au nord du pays, mais en très petite quantité, sur des parcelles de démonstration », explique le docteur Amadou Tidiane Sall, sélectionneur blé au sein de l’Institut sénégalais de recherches agricoles. Après des années d’expérimentation, l’Isra a mis au point en 2020 huit variétés adaptées et homologuées, quatre de blé tendre pour la boulangerie, et quatre de blé dur, notamment pour la fabrication des semoules et des pâtes. Des variétés « très précoces » « à cycle court de 90 jours », « avec un potentiel de rendement moyen de trois tonnes et jusqu’à six tonnes » par hectare, contre neuf en zone tempérée. 

La culture du blé serait possible « sur tout le territoire sénégalais », ajoute le chercheur, mais seulement en « saison froide », entre novembre et début mars, et avec la contrainte de la disponibilité de l’eau. Dans la vallée du fleuve, les terres utilisées pour le riz en saison chaude pourraient l’être pour le blé en saison sèche. Un projet pilote de 500 hectares doit être lancé en novembre prochain. 

À court terme, sur environ 70 000 hectares, la culture du blé « pourrait représenter 30% des importations actuelles » affirme Amadou Tidiane Sall, « 50% à moyen terme ». « L’heure est désormais à la vulgarisation », selon lui : « il faut intéresser davantage les acteurs privés pour une production à grande échelle », car « les semences ne sont pas encore suffisamment disponibles ». 

« C’est le moment, il faut intensifier cette culture », estime de son côté Iba Diop, expert en sécurité alimentaire. « Le contexte l’a montré depuis la pandémie de Covid-19 », « les crises seront récurrentes » selon l’analyste qui insiste sur la formation des agriculteurs sur cette nouvelle culture. 

Une question aussi de volonté politique. Début avril, à l’occasion de la fête nationale, le président Macky Sall appelait « à gagner la bataille de la souveraineté alimentaire ». « Il nous faut produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons », affirmait le chef de l’État. 

Ola avec rfi

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