Vous étiez en train de scroller les offres d’emploi tel votre fil d’actualité Instagram, – à savoir sans conviction -, quand tout à coup, votre rétine a opéré un soubresaut : le descriptif du job de vos rêves était là sous vos yeux ébahis, à portée de clic. Réveillé de votre demi sommeil, vous débordez désormais d’enthousiasme à l’idée de dégainer votre CV et votre lettre de motivation. Mais minute papillon : avant de les envoyer à cette adresse mail impersonnelle redirigeant vers le service recrutement (et prendre le risque de vous retrouver noyé dans la masse des candidats), avez-vous déjà pensé à “filouter” en les transmettant directement au manager concerné ?
S’il paraît compliqué d’outrepasser complètement le service RH lors d’un processus de recrutement, contacter son potentiel futur N+1 est une option à envisager sérieusement pour sortir du lot. C’est le point de vue défendu par le coach professionnel et auteur du blog l’œil du recruteur, Matthieu Degenève, qui nous donne quelques bonnes raisons d’adopter cette pratique.
Contacter votre futur manager : un bon moyen de sortir du lot !
1. On vous offrira un surplus d’attention…
Dans les structures dotées d’un service de recrutement, le manager n’a pas pour mission de recruter lui-même directement son prochain collaborateur. Quelle ne sera donc pas sa surprise (voire sa joie) en découvrant votre candidature dans sa boîte mail ? Porté par une irrésistible envie de la lire, il vous accordera toute son attention pour la décortiquer. Un premier bon point pour vous.
« Ce n’est pas un scoop, le RH en entreprise croule sous les candidatures. Il gère parfois plusieurs dizaines d’ouvertures de postes très différents en simultané, avec un temps compté pour les examiner, contextualise Matthieu Degenève, quand un manager lui, ne sera impliqué que dans celles relatives à son service et leur nombre est limité. » De là à penser qu’il sera plus disponible pour nous, l’expert préfère nuancer « Cela ne signifie pas non plus que le manager a beaucoup plus de temps à nous consacrer, – il est souvent déjà très pris par ses toutes ses autres missions -, en revanche cela peut piquer sa curiosité. » Dans tous les cas, ça ne coûte rien d’essayer de vous adresser au manager : dans le pire des cas votre message restera lettre morte mais dans le meilleur, vous créez un point de contact avec votre futur potentiel N+1 !
2. …et d’implication dans le processus de recrutement
Qui est celui qui devra travailler tous les jours main dans la main avec la nouvelle recrue ? On vous le donne en mille, c’est bien le manager ! Et ce point est crucial selon le coach professionnel : « Désolé pour l’expression anglaise, mais le manager a davantage de “skin in the game” (s’impliquer personnellement en prenant une part du risque, en français) qu’un RH pour la simple et bonne raison qu’il est directement touché par les conséquences de cette embauche. »
Il en va de ses futures opérations, de la cohésion de son équipe, cela peut impacter son budget, l’atteinte de ses objectifs… Bref, les enjeux sont bien plus grands pour le manager comme l’analyse l’expert : « Les répercussions d’une bonne ou d’une mauvaise embauche impacteront peu ou pas le RH alors que le manager devra composer chaque jour avec les aboutissants d’un tel processus. » Vu le potentiel impact que votre recrutement peut avoir sur son quotidien au travail, autant vous dire qu’il traitera votre candidature aux petits oignons.
3. Un manager partage votre expertise
Vous partagez le même domaine de connaissances et/ou compétences avec votre potentiel futur manager, et ça, ça fait vraiment la différence dans la qualité de vos échanges. « Voilà une critique fréquente, véhémente et exprimée publiquement de la part des candidats au sujet des RH, prétextant qu’ils ne parlent pas le même langage qu’eux, constate Matthieu Degenève. Lors d’une entrevue de sélection, un RH saurait difficilement explorer en profondeur des sujets plus techniques avec un ingénieur civil, comme des calculs de résistance sur un plan de bâtiment par exemple. » Une raison qui se suffirait presque à elle-même pour recommander aux candidats d’essayer de parler aux managers en premier lieu même si l’expert nuance le propos : « Cela étant dit, certains RH, notamment les plus expérimentés adoptent avec le temps une compréhension suffisante des rôles et de l’entreprise pour leur permettre d’eux aussi, parler le même langage que les candidats ! Il ne faut pas généraliser non plus. »
Mais tout de même, les connaissances techniques ou spécifiquement liées à votre secteur d’activité ou votre métier, donnent davantage d’opportunités de tisser des liens. Les intérêts communs sont dès lors plus évidents et constituent autant de points d’accroche pour engager la conversation. Un bon moyen de créer de la connivence entre vous.
4. Votre futur N+1 est plus à même de détecter si vous collerez au poste
Là où un recruteur va analyser la pertinence d’une candidature via une grille de lecture préétablie, le manageur sera sensible à d’autres critères, qu’il n’a pas forcément inclus dans le descriptif de l’offre d’emploi. « Un RH prendra nécessairement moins de risques en termes d’évaluation de potentiel de développement, car il est mandaté pour sélectionner des candidats qui correspondent aux besoins exprimés noir sur blanc, détaille le coach professionnel. S’il est guidé par ce qui est « sur papier », le manager quant à lui peut voir au-delà de critères fixes. » Plus au fait des activités quotidiennes liées à cette ouverture de poste, il saura percevoir plus clairement les besoins futurs de son département, ainsi que les compétences transversales s’agençant le mieux avec l’équipe en place.
Une plus grande acuité sur la situation qui peut permettre notamment de dénicher les candidats pépites, ceux qui peuvent passer à travers les mailles du filet RH insiste l’expert : « Le manager a en quelque sorte le pouvoir de modifier ses critères de sélection en cours de route ou de changer la pondération accordée à l’un et à l’autre des critères, ce qui peut l’amener à retenir un candidat qui aurait initialement été rejeté par un recruteur. » C’est typiquement le cas d’un candidat évincé car il ne parlerait pas anglais par exemple, alors que finalement d’autres compétences prévalent pour le poste. Pour ne pas manquer une occasion de se faire justement repérer par son futur manager, encore faut-il être sûr d’avoir l’occasion de lui parler, d’où l’importance d’avoir créer un premier contact.
5. Il sera plus transparent sur l’avancée du processus de recrutement
Quand un RH est tenu à une certaine discrétion quant au processus de recrutement en cours, le manager, moins contraint, est généralement plus disposé à donner des informations au candidat qui le sollicite. « On a beaucoup plus de chances d’arriver à jauger nos chances d’être sélectionné ou d’obtenir des retours concrets sur notre performance comme candidat de la part du manager. Certes, autant le RH que le manager doivent respecter les impératifs légaux, mais c’est un sujet beaucoup plus prégnant pour le RH qui aura potentiellement une posture un peu plus détachée par rapport à cette embauche, et qui est plus enclin à adopter une langue de bois », analyse Matthieu Degenève. Un point qui se comprend complètement d’ailleurs, mais qui confirme que pour glaner des informations plus concrètes, mieux vaut parier sur votre futur manager.
Ola avec « Welcome to the jungle »