Thiès: un jury d’imams « auditionne » les candidats aux élections locales et ce n’est pas une comédie électorale

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Un jury d’imams a auditionné 27 candidats aux élections municipales et départementales, à l’initiative de la section thiéssoise de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS).

Composé en majorité d’imams, le jury élargi à des journalistes, à un représentant du Forum civil et à un sociologue, a vu défiler du 6 au 9 janvier, 27 candidats, a précisé le coordinateur départemental de la LIPS et président de ce jury.

Les candidats auditionnés représentaient 6 des 14 listes de Thiès-nord, 9 sur les 15 de Thiès-ouest, 6 de la commune d’arrondissement de Thiès-est.

Sur les 12 listes en lice pour les élections municipales à Thiès, 5 se sont prêtées à cet exercice, une seule des trois listes en compétition pour les élections départementales y ont participé.

Parmi les candidats reçus, il y a Moussa Tine de Pencoo And Liggey, Babacar Diop de Yewwi Askan Wi, Bineta Basse de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) et Malèye Seck de Gox Yu Bees, etc.

Rapporté aux 58 listes en lice à Thiès, dont 55 briguent les trois communes d’arrondissement et la ville, les trois autres étant en compétition pour le conseil départemental, cela représente un taux d’audition de 46,5%, ont indiqué les promoteurs de cette initiative.

Pendant la séance d’audition, le candidat, après s’être présenté brièvement, devait répondre à une question venant de chaque membre du jury. Il devait dire ce qu’il prévoyait concernant le foncier, la santé, l’éducation, l’insalubrité, l’encombrement de la voie publique.

L’enseignement arabo-religieux et l’implication des imams dans la gestion de la cité sont d’autres thématiques au menu de ces auditions.

Le candidat devait aussi indiquer la position de sa liste sur la question d’actualité liée à la criminalisation de l’homosexualité, dont la proposition faite par la coalition And Samm Jikkoyi, regroupant une centaine d’associations, a été déclarée irrecevable par l’Assemblée nationale.

Le prétendant à la mairie ou au conseil départemental devait aussi indiquer les moyens sur lesquels il comptait pour mettre en œuvre son programme.

A l’arrivée, le jury n’a pas donné de classement, encore moins de consigne de vote, mais a mis en exergue le niveau avec lequel quatre listes en particulier ont répondu à son appel. Il s’agit de la coalition AVEC, qui a répondu présent à 100%, les coalitions Yewwi Askan-Wi (YAW), Bunt-Bi et Gox Yu Bees avec 80% de présence.

« En tant que régulateurs sociaux et lanceurs d’alerte, nous avons constaté que les Sénégalais savent destituer, mais ne savent pas élire. Nous nous sommes dit qu’il fallait les aider à choisir », a expliqué l’imam Mouhamed Mbaye, plus connu sous le nom de Pape Mbaye.

Il a évoqué la « responsabilité » que représente le fait de choisir un dirigeant, aux yeux de l’islam.

Il s’agit selon lui de contribuer à restaurer le rôle de « l’imam d’antan », en termes d’implication dans tous les secteurs de la vie, mais aussi de conscientiser les fidèles sur la place qu’ils doivent occuper dans la société.

« Nous voulons mettre fin à cette façon de nous confiner entre les quatre murs de la mosquée », a dit l’imam Mbaye, pour qui « c’est un signal pour montrer aux futurs élus que (la) société n’est plus prête à élire n’importe qui et qu’elle ne laissera plus les personnes élues faire tout ce qu’elles veulent ».

Le jury compte assurer le suivi de ces auditions à travers un contrôle citoyen, en cherchant à rencontrer tous les six mois les futurs maires pour voir l’état d’exécution de leurs engagements consignés dans un document. Cette démarche inclura ceux qui n’ont pas répondu à leur appel.

Malgré les « maigres moyens » dont elle disposait, l’antenne thiéssoise de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal avait décidé de ne compter que sur les contributions personnelles de ses membres et de quelques rares bonnes volontés qui croyaient au projet, a précisé l’imam Mbaye.

La LIPS compte rééditer ce format lors des autres élections à venir, en corrigeant « quelques couacs » liés aux difficultés de regrouper tous les membres de la commission avant, pendant et après les audiences avec les candidats.

Le jury n’a pas pu élaborer de critères permettant de classer les candidats auditionnés, le projet ayant été ficelé à un mois du démarrage de la campagne électorale, a dit le coordinateur régional de la LIPS.

Sur la base des leçons tirées de cette première expérience, la LIPS nationale envisage de peaufiner le format lors des prochaines éditions et de l’élargir à d’autres localités du pays.

Ola avec agence

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