Monnaie locale complémentaire, « la devise » d’une Casamance émergente ?

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Le taux de bancarisation au Sénégal est très bas. Les chiffres à notre disposition varient entre 15 % et 20%. Le Sénégal n’est pas un cas isolé. L’Afrique de l’Ouest a la population adulte la moins bancarisée au monde, 14 % au monde contre 34 % pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Ce retard, comme l’expliquent les spécialistes, peut être justifié par la lourdeur des formalités et les exigences relatives à l’ouverture d’un compte en banque, comme l’obligation de fournir une adresse officielle, une carte d’identité, une preuve d’emploi formelle, une justification de flux constant de revenus et de faire un dépôt minimum obligatoire. Or, sans compte bancaire, il est difficile d’être financé par les banques alors que les Africains, les Sénégalais en particulier, ont besoin d’argent. Si aujourd’hui le mobile banking a été largement démocratisé au Sénégal par les opérateurs Orange Money et Wave, essentiellement, comblant ainsi le profond déficit de bancarisation dans notre pays, des solutions alternatives s’imposent pour doter les Sénégalais d’un moyen d’échange au quotidien qui leur permettra dans la même foulée d’accéder au crédit. Des solutions existent puisque ce sont là les principales caractéristiques d’une monnaie locale complémentaire déjà existante au Sénégal.

 S’inscrivant dans une logique  « d’une croissance endogène, inclusive, et équitable grâce à une valorisation du contenu local et l’ancrage durable d’une culture du produire et consommer sénégalais », cette monnaie appelée « Sen », a été créée par une compétence locale qui n’est rien d’autre que le Dr. Abdourahmane Sarr, Président CEFDEL/MRLD Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp. Le projet « Sen » qui se propose de compléter le système financier classique a, semble –t-il, toutes les cartes en main pour se concrétiser, car, selon son créateur qui a « démissionné du Fonds monétaire international » pour lancer ce projet, « Les outils sont déjà disponibles, et leur participation ne dépend que d’eux, les citoyens pouvant se les approprier sans eux comme ils le font avec Wave et Orange Money, concepts différents se rapportant à la monnaie électronique. » Dans le détail, ce mode de paiement est utilisé sur un territoire restreint où il circule à l’initiative d’un groupe de citoyens et/ou d’entreprises réunis au sein d’un réseau et dont les règles sont définies par eux

Une « belle idée » qui semble séduire la classe politique en l’occurrence l’opposant Ousmane Sonko, qui dans son livre–programme en direction des élections territoriales propose de mettre en place une monnaie locale qui va servir de monnaie d’échange entre Casamançais. Le candidat à la mairie de Ziguinchor compte ainsi libérer les Sénégalais du sud du pays du diktat des banques fait de garanties et de taux de crédit exorbitants. Ce modèle qui pourrait bien marcher au Sénégal a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays où il est en utilisation. Toutefois, il faut noter que la monnaie locale complémentaire ne peut être dépensée que localement. Elle a aussi le désavantage de circuler plus rapidement que la monnaie officielle qu’elle complète d’où la difficulté de faire des épargnes conséquentes avec.

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