La création d’une entreprise est un long chemin parsemé d’obstacles. Zakaria Fahim, président du Hub Africa, la première plateforme des investisseurs et entrepreneurs en Afrique, nous livre son analyse de l’implication des incubateurs en matière d’accompagnement des entrepreneurs dans leur projet, du stade de l’idée de projet jusqu’à sa concrétisation.
Africa Hub est une plateforme de mise en relation et d’accompagnement pour booster l’entrepreneuriat en Afrique. A quels problèmes Africa Hub entend apporter des solutions ?
Lancé en 2012, HUB AFRICA est un tiers de confiance et un accélérateur au profit des startups, TPE et PME. Il offre l’écosystème le plus complet en matière d’accompagnement entrepreneurial en Afrique. À travers sa plateforme, Hub Africa connecte les différents acteurs de l’écosystème: startups, entrepreneurs, grandes entreprises, PME, TPE, incubateurs, business angels, coopératives, fonds d’investissements, etc. Hub Africa fait grandir les entrepreneurs et leurs entreprises afind’innover et renforcer leur performance pour recruter des collaborateurs formés et engagés pour la formation continue dans le but de garantir une meilleure employabilité du personnel. La plateforme vise à favoriser et accompagner la transformation des communautés de manière significative et durable en stimulant l’émergence d’entrepreneurs innovants qui proposent des solutions innovantes en Afrique.
Hub Africa a initié le projet enquête sur la diaspora et a mis en œuvre un dispositif d’accompagnement à la création d’entreprises pour les diasporas d’Afrique. Ce dispositif vise à sécuriser l’investissement des porteurs de projet des diasporas et à leur faire bénéficier d’un accompagnement gratuit et personnalisé au travers d’un réseau de partenaires dans leurs pays d’origine.
Quand on parle d’innovation ou de startups en Afrique, on cite souvent le Maroc ou l’Egypte. Où en est l’écosystème marocain ?
A l’heure où l’innovation devient plus que jamais le moteur de toutes les économies, les start-ups sont placées en première ligne en raison de leur structure simple et agile qui leur permet de s’aventurer dans les secteurs les plus prometteurs. Toutefois, le développement de l’innovation ne peut aboutir sans un écosystème complet et adapté, rassemblant un ensemble d’acteurs (organisations, entreprises, start-ups, universités, investisseurs), qui interagissent et s’associent pour l’émergence de projets innovants. Ces acteurs font que l’écosystème des startups au Maroc prend forme de plus en plus. Il faut reconnaître que la naissance de l’écosystème startup au Maroc se situe en marge de l’organisation du cop 22 dans l’événement initié par HUB AFRICA Tech 22 qui avait regroupé tout l’écosystème et avait donné lieu à une déclaration pour collaborer ensemble. Avec la création de la Fédération de l’Écosystème Startup du Maroc (MSEC), qui réunit 20 organisations de sensibilisation à l’entrepreneuriat, de formations entrepreneuriale, de pré-Incubation, d’incubation, et d’accélération ainsi que plus de 1000 Startups accompagnées. En adoptant une logique d’intelligence collective, l’écosystème sera de mieux en mieux structuré. Comme a dit Madiba, « seul, on va vite, ensemble, on va plus loin ».
La plateforme a été conçue pour valoriser et augmenter la visibilité des acteurs de l’écosystème africain. Comment HUB Africa proccède pour permettre aux entreprises et incubateurs européens, américain ou asiatique de se lancer en Afrique ?
Chaque année, Hub Africa organise une rencontre annuelle à Casablanca, comprenant une soixantaine de Conférences, d’Ateliers, de Masterclass, animés par plus de 80 experts, et offre une tribune pour partager passions, réussites et succès, mais aussi difficultés. Outre les séances plénières, la rencontre comprend plus de 2 500 rendez-vous B2B, ainsi qu’un Bootcamp de 5 jours, destiné aux startups sélectionnées à travers le continent et sa diaspora, qui précède les phases finales de la compétition African Pitch Roadshow.
Pour les entreprises et incubateurs européens, américains ou asiatiques, Hub Africa est une opportunité de se lancer en Afrique sous différentes formes. Nous avons mis en place un certificat approfondi en « Diplomatie Economique et Business Développement » Made in Morocco. Il permet aux entrepreneurs d’avoir une lecture plus fine de la dynamique de ces pays et secteurs. Ce certificat permet également de sensibiliser les différents acteurs publiques et privés sur la nécessité de la mise en place d’une diplomatie privée, économique et d’influence, dans le contexte économique et politique international actuel où la diplomatie conventionnelle essentiellement gouvernementale s’avère insuffisante pour apporter le rayonnement souhaité par les pays. HUB AFRICA, qui est un membre fondateur de l’association Afrique-Asie et permet à nos entrepreneurs africains de s’immerger dans des mondes nouveaux.
Au-delà de ces éléments du réseautage, nous avons mis en place avec l’association BIDAYA, l’application DATI CONNECT qui est le premier réseau communautaire dédié au financement et au networking des auto-entrepreneurs marocains.
La problématique du financement et du capital-risque constituent un gap au niveau des premiers stades de création des startups, que recommandez-vous aux jeunes talents marocains porteurs de projets qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat ?
Le marché des capitaux doit permettre une rencontre optimale entre l’offre de projets innovants par les entrepreneurs et la demande des investisseurs pour l’actif du capital-risque. Il est bien connu que les structures d’accompagnements à l’entrepreneuriat jouent un rôle central afin de faciliter la mise en relation entre les capital-risqueurs et les entrepreneurs. HUB AFRICA, en partenariat avec l’association ASTEC du Technopark avait fait une feuille de route sur le financement participatif qui aujourd’hui est un texte de loi, nous attendons avec impatience le décret d’application et, nous continuons à militer pour faire valoir un texte de loi sur le business angel.
Il est capital de rappeler que pour les jeunes entrepreneurs ce qui est important, c’est un financement avec de la valeur ajoutée et le business angel apporte son réseau, du financement et l’accès au marché.
Nous organisons aussi des roadshow pitch dans trois pays européens : La France, L’Angleterre et la Belgique pour accéder à la diaspora africaine qui est motivée et mobilisée pour apporter du financement et de l’expertise. Aujourd’hui, le made in Africa se construit par le made in Morocco, et il est important de consolider tous ces éléments pour une Afrique qui gagne.
Recueillis par Kawtar CHAAT
Repère 1500
HUB AFRICA, une force d’influence mobilisée pour l’auto-entrepreneuriat
Etant dans une dynamique associative et collaborative, HUB AFRICA s’offre une mission d’accompagnement des politiques publiques. C’est en ce sens qu’elle a décidé la publication trimestrielle des rapports économiques et ceux relatifsaux questions de l’entrepreneuriat. Cette nouvelle démarche s’inscrit dans la nouvelle offre HUB AFRICA, singulièrement dans son volet «Me développer à l’international», pour le lancement d’un Certificat Diplomatie économique et de Voyages de prospection. L’incubateur est aussi une force d’influence à qui l’on doit, selon son président, le statut d’Auto- Entrepreneur, le texte de loi sur le financement participatif et sur les business angels au Maroc. « Nous avions lancé le Small Business Act for Africa (SBAA) en compagnie des ministres des PME du Gabon et de la Côte d’Ivoire, de la directrice générale Afrique Australe de la Banque africaine de développement (BAD)et des représentants de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA) pour illustrer son importance dans la réussite de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), sans compter notre plaidoyer pour «le No Visa pour les entrepreneurs Africains», assure Zakaria Fahim, notant qu’au-delà de ce que fait TAMWILCOM, et la Caisse Centrale de Garantie (CCG) à travers le fond innov-invest ou d’autres projets régionaux, il va falloir connecter les structures marocaines avec d’autres dispositifs internationaux.
Dans le but de favoriser les échanges et multiplier les partenariats, HUB AFRICA organise régulièrement des rencontres B2B qui permettent d’évoquer les conditions de croissance accélérée et créatrice d’emplois. A chaque HUB AFRICA, c’est quasiment 2500 rendez-vous qui sont organisés, et qui permettent aux entrepreneurs de rencontrer leurs pairs sur le continent et développer leurs business dans des secteurs très variés de finance, agriculture, industrie, éducation etc.