Maroc: le dilemme des Sénégalais dans les centres d’appels

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Très en vogue sur le marché du travail au Maroc, les métiers du Call center font partie des fonctions les plus recherchées dans le royaume. Et pour cause, les principaux groupes qui dominent le secteur comme Majorel, Intelcia, Sitel Group, Webhelp ou encore Outsourcia pour ce ne citer que ceux-là, proposent des salaires et contrats de travail plus ou moins corrects.

CDI + salaire

« Facilement », après un « essai » d’au bout de trois mois, la nouvelle recrue peut se retrouver avec un salaire de base de 4000 à 6000 Dh (environ 250.000 Fcfa) et un contrat à durée indéterminée (CDI). Les séniors et hauts cadres, eux, peuvent toucher deux ou trois fois plus, avec souvent des primes déplafonnées. De quoi attirer de plus en plus de jeunes, avec ou sans diplômes universitaires. En effet, il est possible d’intégrer un centre d’appels avec le niveau BAC. Ce qui compte vraiment, c’est le niveau de langue et la manière de s’exprimer oralement, d’articuler et d’enchaîner les phrases. L’élocution en somme.

« Galère totale »

Mais ne vous laissez pas berner, la réalité peut sembler tout autre. Appeler et ou recevoir des appels pour vendre des produits et conseiller des clients n’est pas aussi évident que ça en a l’air. En tant cas, pour certains Sénégalais qui travaillent dans ce secteur, en plus de devoir porter un casque 8h par jour, il faut  supporter les injures des managers et le mécontentement des clients à longueur de journée. De fait, les télévendeurs doivent chaque mois effectuer un nombre fixe (avec un minimum)  de ventes, selon le produit. Et gare à celui qui ne « fait pas de chiffres. ». « Quand les journées sont moroses, on reçoit toutes sortes d’insultes de la part de nos supérieurs et si tu tombes sur un mauvais fichier (liste de numéros à appeler), c’est la galère totale », nous confie un télévendeur sénégalais sous couvert de l’anonymat. Il faut noter que les Sénégalais sont très prisés dans ce milieu.

« On ne te pardonne rien »

En plus de bénéficier d’un statut spécial sur le marché du travail (Les Sénégalais ont les mêmes droits ou presque que les Marocains sur le marché du travail au Maroc), ils ont un accent proche des français lors qu’ils s’expriment dans la langue de Molière, comparés à leurs » cousins » de l’Afrique de l’ouest. Or, la cible des vendeurs vit principalement en France. Fermons cette parenthèse et revenons aux conditions de travail, souvent difficiles, dans les call centers au Maroc.

S’ils ne craquent pas sous l’effet du stress permanent dans les centres, les travailleurs que nous avons rencontré se retrouvent parfois avec des fins de mois très difficiles. « On ne te pardonne rien. Si tu fais une faute, comme par exemple énerver un client, arriver en retard ou s’absenter, tu peux te retrouver avec un salaire haché », dénonce Moussa qui revendique 5 ans dans un grand groupe à Casablanca. S’y ajoute que les agents sont notés par les clients et chaque mauvaise note équivaut à une somme d’argent de moins. Et pour finir, sachez que les licenciements sont très fréquents dans le secteur des centres d’appels qui représente cependant un chiffre d’affaires de 14 MMDH, avec plus de 120 000 emplois et 5 écosystèmes.

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