Après la perte d’un proche, certaines personnes mettent souvent beaucoup de temps pour s’en remettre moralement mais aussi… financièrement. C’est encore plus vrai au Sénégal où les cérémonies religieuses (et civiles) pour rendre les honneurs suprêmes à un mort sont coûteuses. « Nous avons dépensé beaucoup d’argent pour rendre un dernier hommage à notre grand-père. », raconte P. H assistante de direction dans une entreprise de la place. « Lorsque le vieux est mort, ma famille a été obligée de tuer chaque jour un bœuf, pendant une semaine, pour nourrir les gens qui venaient passer la journée dans notre maison. Certaines ont carrément élu domicile chez nous pendant des jours », poursuit la jeune dame qui en veut aussi à sa famille. « A la longue, c’était devenu une grande fête où on se gavait de nourritures comme si on était dans une cérémonie de mariage. La nourriture était tellement abondante que plus personne ne pensait à la mort », se souvient encore notre interlocutrice.
De fait, explique-t-elle, sa famille n’avait pas le choix. Le défunt étant un notable, il fallait donc organiser une grande cérémonie à la hauteur de son rang. Il y a aussi le fait que les gens sont tellement habitués à la mort que le deuil n’attriste plus . Pire encore, pour certains, le deuil est devenu un petit business. « J’ai été extrêmement gênée de voir des gens demander à mes tantes et oncles de l’argent au moment de rentrer chez eux. « Ils disaient que c’était pour le transport alors qu’ils habitent juste à côté de chez nous. »Ce que P.H n’a pas dit, c’est que sa famille a reçu de grosses enveloppes d’argent en guise de « condoléances ». Pour ainsi dire, certaines familles n’hésitent pas souvent à organiser de grandes funérailles, mettent plein la vue à leurs « invités » pour espérer récupérer quelques sous en retour.