«Qu’attends-tu pour te marier ?» La question qui énerve ( témoignages choc)

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Au Sénégal, les célibataires (filles le plus souvent) sont pour la plupart sujettes à diverses remarques. «Qu’attends-tu pour te marier ?» «Pourquoi tu refuses les avances de tes prétendants ?» «Tu prends de l’âge tu sais, tu devrais songer au mariage !» Des remarques qui, parfois, peuvent ne rien signifier pour ceux qui les émettent. Mais à la longue, elles peuvent devenir vexantes envers leurs destinataires. Ce qui pourrait constituer une terrible pression, mais également un facteur bloquant pour ces personnes en âge de fonder une famille.«Le mariage n’est pas une question de choix, mais de chance», disaient CoumbaGawloSeck et Souleymane Faye dans un de leurs célèbres duos. Mais de nos jours, beaucoup n’appréhendent pas la portée d’un tel message.

« Nous ne refusons pas les avances de nos prétendants, seulement nous… »

La pression que subissent les célibataires qui tardent à trouver «chaussures à leurs pieds» est de plus en plus pesante. Intimidation ou harcèlement? Des personnes qui vivent cette situation nous plongent dans leur quotidien. « Je ne repousse pas les prétendants, j’attends juste le bon » A 24 ans, Bintou est une fille bien gâtée par dame nature. Malgré ses atouts, cette étudiante est encore célibataire. «On me fait tout le temps cette remarque mais je me dis que toute chose en son temps. On gère et on essaye de vivre avec, en attendant notre âme sœur», soupire-t-elle. Cette pression du mariage, elle en a l’habitude. «On me demande souvent ce que j’attends pour me marier. C’est comme si je suis censée me marier à moi-même ou qu’un mari est une marchandise qu’on trouve facilement au marché. Ce n’est pas évident, mais les gens n’ont pas conscience que cela peut blesser la personne», déplore-t-elle. Malgré son désir de fonder une famille, notre interlocutrice ne veut pas y aller les yeux fermés. «Nous prions pour que cela se réalise. Mais, c’est la société qui nous bouscule en quelque sorte. Cela peut pousser la personne à faire dans la précipitation. Beaucoup se marient à la hâte. Le plus souvent, ce sont des mariages qui ne durent pas longtemps. C’est pourquoi le taux de divorce est en hausse dans notre pays. Nous ne refusons pas les avances de nos prétendants, seulement nous ne pouvons pas nous permettre de nous engager avec le premier venu», explique l’étudiante. Au moment où certaines, acculées par les critiques, foncent tête baissée, d’autres prennent le temps de faire le casting. «Nous devons faire une sélection et nous engager avec celui qui nous paraît bon. Si on n’est compatible, le mariage ne dure pas. Il faut prendre le temps nécessaire pour vous connaître. Ce qui n’est pas souvent le cas», ajoute la jeune étudiante.

«Un marabout m’a dit que j’avais un ‘’fàruràb’’»

Même son de cloche chez cette trentenaire qui, depuis longtemps, subit également cette pression. A l’en croire, toutes ses sœurs se sont mariées très tôt. Malgré son âge, elle a du mal à trouver un copain. «Toutes mes petites sœurs se sont mariées très tôt. Ma mère ne cesse de me pousser au mariage, comme si c’est moi qui ne voulais pas d’un homme dans ma vie.Un jour, elle m’a même amenée chez un marabout qui m’a dit que j’avais un ‘’fàruràb’’ (djinn) qui m’éloigne des hommes. Mais moi, je reste convaincue que c’est la volonté divine. Et cela viendra un jour, s’il plaît à Dieu», témoigne notre interlocutrice qui a préféré garder l’anonymat.

«Je ne veux pas être menée par un homme qui… »

Si certaines peinent à se caser, d’autres par contre n’en font pas du tout une priorité. C’est notamment le cas de Ndeye F. «Au Sénégal, quand tu ne te maries pas avant 30 ans, tu es foutue. Moi par contre, je ne me laisse pas emportée par cette pression. C’est ma vie et je la gère comme je veux. Par contre, j’ai eu à voir des amies qui se sont mariées très récemment. Et elles me demandent toujours pourquoi je tarde à me marier. Je ne dirais pas qu’il y a un âge approprié pour le mariage. C’est juste du ressort du Tout-Puissant », fulmine cette belle liane de 25 ans. Fonder une famille est une chose, mais avoir la capacité de la prendre en charge en est une autre. C’est du moins le raisonnement de Ndeye F « Ce n’est pas que je refuse les avances des prétendants. J’ai un choix de vie. Je ne veux pas être menée par un homme qui me gère et règle mes problèmes. Je veux avoir mon propre boulot, subvenir à mes besoins et ceux de mes enfants. Il faut qu’on se dise la vérité aussi. Les hommes d’aujourd’hui ne s’occupent pas assez des femmes. Aujourd’hui, avant de faire un quelconque choix, je pense qu’il faudrait au préalable y réfléchir. Ce n’est pas parce que mes amies se marient que je dois aussi forcément me marier. Le mariage, c’est à vie. Ce n’est ni pour un jour encore moins deux jours. Donc, avant de s’y lancer, il faudrait prendre la bonne décision, choisir la bonne personne », ajoute-t-elle.

 «Nous n’étions vraiment pas compatibles »

Dans cette situation de hantise et de pression, même les hommes ne sont pas épargnés. Tailleur de profession, Fallou  a connu la même mésaventure. Son divorce, il en garde encore des séquelles. « Je m’étais marié il y a de cela 5 ans, avant de divorcer. Depuis lors, je suis célibataire », nous raconte-t-il. Son malheur : avoir écouté des amis qui ne cessaient de me pousser dans les bras d’une fille qu’ils trouvaient «extraordinaire». «Mes amis m’avaient poussé à épouser une femme qui, selon eux, était faite pour moi. Après 6 mois ensemble, je l’ai prise comme épouse. Avec le temps, j’ai remarqué que nous n’étions vraiment pas compatibles. Nous nous disputions très souvent. Lassés de cette situation, nous avons pris la décision de nous séparer, jugeant que c’était la meilleure décision à prendre», détaille-t-il.Fort de cette expérience malheureuse, le jeune homme a décidé de faire table rase, mais aussi de prendre son temps pour se caser à nouveau. A la nouvelle génération, il ne manque pas de conseils. « Je suis moi-même un exemple concret de cette pression de la société. Je conseille aux jeunes, surtout aux hommes, de bien choisir leur partenaire avant de se lancer dans un mariage », préconise-t-il.

En somme, les moqueries, la pression et les multiples messages à peine codés de l’entourage pèsent lourdement sur les épaules des célibataires qui finissent souvent par se retrouver dans des situations inconfortables. Quid à divorcer après peu de temps de vie commune …

 

 

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