Deux militaires sénégalais et un rebelle ont été tués, lundi matin, dans des affrontements survenus dans la région de Ziguinchor à la frontière avec la Gambie. La perte d’un sous-officier et d’un militaire du rang mortellement atteint est à déplorer. Après une poursuite et une riposte énergique de nos hommes, un rebelle armé d’un fusil d’assaut (…) a été tué’, souligne la Direction des armées du Sénégal dans un communiqué. Deux autres combattants ont été capturés par l’armée, selon nos informations. Les affrontements ont lieu au cours d’une opération de ‘’sécurisation’’ menée au sud de Bwiam, une localité située en Gambie, précise la DIRPA. Le président Macky Sall a réagi ce mardi à cette attaque.
« J’adresse mes condoléances émues aux familles de nos braves soldats décédés lors d’une opération de sécurisation, de lutte contre le trafic de bois au sud de Bwiam, dans le cadre de la mission de la CEDEAO en Gambie. Paix à leur âme. Je souhaite prompt rétablissement aux blessés. », a-t-il posté sur sa page Facebook. Les deux soldats sénégalais font partie de la Mission de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest « Cédéao » en Gambie (Ecomig).
L’Ecomig a été instituée par l’organisation des Etats ouest-africains Cédéao devant la crise politique née du refus de l’ex-président gambien Yahya Jammeh de quitter le pouvoir après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016. L’ex dictateur n’est plus sur place mais les militaires sont toujours en terre gambienne. Une présence militaire qui commence à agacer les Gambiens. En effet, les soldats présents à Banjul ne sont pas n’importe qui. Depuis qu’Adama Barrow a accédé au pouvoir, sa sécurité rapprochée est assurée par un contingent de gendarmes sénégalais de la Mission de la Cedeao en Gambie (Micega), qui protège également la State House le palais présidentiel. « Est-ce que les Sénégalais accepteraient que des gendarmes français assurent à la fois la sécurité de leur président et celle de la première dame du Sénégal», s’interroge un jeune gambien.
C’est comme si la Gambie était finalement une colonie sénégalaise, ajoute-t-il en substance. « Ça fait vraiment des mécontents en Gambie », dira-t-il plus loin. Il y a quelques années, la présidence gambienne a mis en place un projet de remplacement des hommes de tenues sénégalais. Fin 2017, selon Jeune Afrique, 150 policiers, militaires et membres des services de renseignements gambiens ont été sélectionnés – après des enquêtes poussées sur leurs parcours afin d’écarter les éléments trop liés au régime de Yahya Jammeh. Cette future équipe devrait, à terme, compter 500 hommes environ. D’anciens gardes du corps d’Adama Barrow et des personnalités de l’ex-opposition ont aussi été recrutés. Une formation à laquelle le président Macky Sall a récemment donné son feu vert, précise la même source. En attendant, la colère monte dans les rues de Banjul alors que l’ombre de Jammah plane toujours à Kanilai.
