Maguette ou Magatte, Adama…des noms de baptême très populaires au Sénégal, portés à la fois par des hommes et des femmes. Rien d’étonnant. L’utilisation de ces prénoms qui ne permettent pas de déterminer le genre est une pratique très répandue dans notre pays, à tel point que ça ne choque plus personne d’avoir un patron qui s’appelle, par exemple, monsieur Adama Gaye. En revanche, il y a de ces noms portés par des hommes qui entrent encore difficilement dans notre logiciel social. Figurez vous qu’il y a des « monsieur Nogaye Diouf» parmi nous.
« J’en connais personnellement un qui s’appelle Nogaye Diouf. Il est marié et père de famille. C’est un type bien qui gère son foyer comme tous les autres hommes de son village », narre Abdoulaye. « L’homme en question n’a rien d’une fille », explique-t-il. S’il s’appelle ainsi, c’est que lors que la mère celui-ci était enceinte, sans qu’il ne sache si celle-ci attendait une fille ou un garçon, son papa tenait absolument à ce qu’une fois le bébé né qu’on le baptise Nogaye afin qu’il puisse honorer une promesse faite à une parente. Malheureusement, avant la naissance de l’enfant, le papa en question décède. Les proches du défunt, pour honorer la mémoire du disparu, ont alors attribué à Nogaye le prénom qu’on lui connaît aujourd’hui. », détaille notre interlocuteur.
Un grand coucou à notre consœur de la rts1, Fallou Dionne.
Il faut dire que, petit, le garçon a beaucoup souffert de porter un prénom aussi pesant. Mais au fur et à mesure qu’il grandissait, les moqueries faisaient place à l’acceptation. Mais d’autres n’ont pas eu cette chance. Les tracasseries administratives sont souvent le quotidien de ces personnes qui s’appellent ainsi. Dans le milieu professionnel, ils sont souvent victimes de discrimination à l’embauche, « Une entreprise qui cherchait une fille pour un poste a dû rejeter un candidat à la dernière minute. Il avait, à priori, répondu à tous les critères. Seulement le recruteur ne se doutait pas que Ndiaya Ndiop était un garçon. », nous raconte Fama. Oseriez-vous présentez votre copain Rama à vos parents? Vous ne pouvez pas imaginer la peur qu’ont les personnes qui portent ces noms genrés lorsqu’elles s’apprêtent embarquer à bord d’un avion. Il n ‘ y a pas plus suspect, dans un aéroport, qu’un jeune garçon qui s’appelle Ndeye Fatou Ba. Plus difficile encore, ces catégories de personnes sont souvent victimes d’accusations graves. « J’ai un pote qui s’appelle Astou. Au début, on pensait qu’il était homo à cause de son prénom efféminé», nous confie Ousmane. Attention, ce ne sont pas uniquement les garçons qui portent des prénoms généralement attribués aux filles. Un grand coucou à notre consœur de la rts1, Fallou Dionne.