Preuve d’amour ou source de souffrance, la jalousie dans le couple est souvent à l’origine de conflits.
« Je suis orpheline et J’ai vécu une relation de trois ans avec un garçon extrêmement jaloux et possessif. En fait, depuis qu’on s’est mariés, il ne voulait passer des moments qu’avec moi, et je ne pouvais même pas proposer à des amis de se joindre à nous pour prendre un verre. Un jour, il a pété les plombs en me laissant 40 textos et 5 appels en absence en l’espace de 20 minutes. Il criait presque tous les jours comme un hystérique, menaçait de casser des choses, et en cassait. Il fouillait mes affaires, et a parfois levé la main sur moi. Il était nerveux et n’appréciait guère l’une de mes amies célibataire dont j’étais très proche. Il était persuadé que j’allais le tromper à la moindre occasion. Physiquement, je suis plutôt bien servie par la nature, mais lui n’était pas en reste non plus. Ses crises se sont faites de plus en plus nombreuses et violentes au fil des années. Quelques mois avant, je savais plus ou moins que j’allais le quitter, mais j’ai voulu lui donner une dernière chance. Rien n’a changé et un jour, la limite a été atteinte : je l’ai quitté du jour au lendemain, j’avais moi aussi mon caractère et ma fierté. Il m’insultait et je l’insultais, ce n’était plus possible. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir tout essayé. Quand il était plus calme, il se rendait compte qu’il était invivable, mais ses travers revenaient au grand galop. Je l’ai poussé à aller voir un psy mais il y était farouchement opposé. C’était voué à l’échec car il ne faisait rien pour changer », explique F. N la trentaine.
Moustapha , 25 ans : « J’ai craqué, j’en pouvais plus, elle me pourrissait trop la vie avec ses soupçons permanents. En plus c’était complètement injuste de me prendre la tête comme ça, je ne l’ai jamais trompée et je n’ai jamais pensé le faire ! Elle matait même les derniers numéros appelés sur mon portable ! Le dernier coup quelle m’a fait c’est de m’arracher le téléphone des mains, d’insulter la personne avec qui je parlais juste avant de raccrocher, tout ça parce qu’elle avait entendu que c’était une fille et que j’étais en train de déconner avec elle ! La fille en question c’était la femme de mon frère… Elle a 35 ans et des gosses… hilarant non ? »
Pour Ndèye Marie, la grossesse a été l’élément révélateur de sa jalousie.« Je ne suis pas d’un naturel jaloux. Au contraire, j’ai longtemps été confiante, bien dans mes baskets, super bosseuse. J’ai aussi été pendant de nombreuses années avec mon homme dans une relation saine, sans anicroche. Et puis je suis tombée enceinte…On pourrait croire que la grossesse est une période de vie qui soude un couple… Pour moi, ça été tout l’inverse. Entre les nausées des premiers mois et une grosse prise de poids, des échecs au boulot où je me sentais mise au placard, je me suis vite sentie mal dans ma peau. Je ne sais pas si les hormones ont quelque chose à voir là-dedans, mais j’ai fini par me convaincre que mon homme ne m’aimait plus et qu’il allait être infidèle. A partir de là, notre couple a traversé un véritable enfer. Je n’arrivais plus à me contrôler : je vérifiais ses messages, espionnais sa page Facebook et ses mails, le bombardait de questions dès qu’il rentrait 10 minutes en retard… Il n’arrêtait pourtant pas de me dire à quel point il m’aimait et me désirait, mais c’était irrationnel, je n’arrivais plus à me contrôler. Après l’accouchement, j’ai à nouveau confiance en moi et mon couple est reparti sur de nouvelles bases », confie-t-elle.
Ces histoires ponctuelles de vie, évoquées brièvement, nous disent à quel point le sentiment de jalousie peut causer des dommages irréversibles dans l’évolution des couples. Mais où prend-t-il sa source ? De quelle énergie s’alimente-t-il ? Au-delà des circonstances, des événements réels survenant dans la vie réelle en commun, c’est souvent l’histoire personnelle, passée, de chacun, qui en fournit la teneur. La construction et la solidité d’une vie de couple, dans la durée, sont pour tout un chacun des enjeux importants, avec leurs difficultés et leurs périls. Mais on ne peut comprendre et accepter ceux-ci en faisant l’impasse sur des histoires personnelles, avec les peurs et les déceptions anciennes, les rêves et les illusions du passé, toujours prêtes à resurgir dans le présent.