L’Etat du Sénégal a fait le choix d’investir massivement dans les jeunes entrepreneurs mais ce que veulent ceux-ci c’est l’accès à la commande publique, généralement réservée aux PME étrangères et celles locales plus expérimentées.
A travers la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes, le Sénégal a fait le choix d’investir massivement dans les jeunes. Depuis sa création, la DER/FJ a procédé au financement de 60 Milliards de FCFA grâce à l’effet de levier de 26 Milliards en cofinancement et garantie auprès des institutions financières partenaires. Dans le détail, l’établissement revendique 106.209 bénéficiaires directs de crédits au niveau national, 2,452 PME formalisées dont 876 structures immatriculées et 80.000 comptes ouverts à travers les guichets « autonomisation » et « hors autonomisation. Lors d’un rendez-vous à Paris, organisé par l’Agence française de développement (AFD), « Investir ensemble pour une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe », le président français n’ a pas d’ailleurs hésité à donner la DER comme exemple. Emmanuel Macron a estimé que « le défi est organisationnel et qu’il faudrait voir comment soutenir ces cibles entrepreneuriales et leur trouver des milliards d’euros pour leur financement. C’est pour ça qu’on a besoin de structures comme la DER/FJ ».

Seulement voilà, aujourd’hui, si les impacts du financement sont indéniables sur les PME au Sénégal, les entrepreneurs veulent accéder davantage à la commande publique . « Nous voulons gagner des marchés publics », affirme Haoua Sarr présidente et fondatrice du réseau Jeunesse entreprenariat fiabilité (JEF) qui revendique une centaine de membres.
D’après les membres du « premier » réseau au Sénégal qui regroupe de jeunes entrepreneurs, chefs d’entreprise et porteurs de projet, l’heure est à la préférence nationale. « Nous avons du mal à gagner des marchés. Or, c’est pourtant crucial pour notre business », insiste Haoua Sarr avant de lister les goulots qui, selon elle, étranglent les entrepreneurs sénégalais. « A chaque fois qu’on veut soumissionner, on nous demande un quitus fiscal et des anciennetés qu’on n’a pas », confie-t-elle à Ola Sn. Document administratif exigé à celui qui veut soumissionner à un marché public, le quitus fiscal montre que le contribuable est en règle au regard de l’assiette et du recouvrement des impôts sur le revenu, de la contribution des patentes, de la TVA et de tous autres impôts directs et indirects.

Or, pour les membres de JEF, s’il est facile d’avoir ce document, le défi demeure de pouvoir gagner son tout premier marché pour capitaliser sur cette première expérience et soumissionner à d’autres offres. Pour se faire entendre, ils ont prévu une grande marche à Dakar à la place de la Nation le 18 mars prochain à 09 heures. « Nous appelons tous les entrepreneurs à venir nous rejoindre. Il faut que les marchés publics bénéficient davantage aux entrepreneurs locaux. », conclut madame Sarr. Pour rappel, pour les marchés passés par appel d’offres international, une marge de préférence ne pouvant pas dépasser 15% est accordée aux candidats de droit sénégalais. D’après nos confrères du journal l’Enquête, en août 2021, la commande publique tournait autour de 2 500 et 3 000 milliards F CFA mais pour beaucoup, en particulier pour les opérateurs sénégalais, c’est une manne qui échappe à l’économie locale.